A la croisée des chemins
Publié le : 24 septembre 2010 à 19h27
A l'occasion de sa venue en France pour une séance photo, nos chemins se sont croisés pour mon plus grand plaisir. Laissez-moi vous présenter cet artiste avec mes mots et ses images.
Claude Tenot est né à Osaka au Japon en 1957. Enfance voyageuse entre ce lieu de naissance, les Etats-Unis et la Suisse dés 1963. Des parents aimants et bien occupés par leurs 4 filles et 2 garçons.
Claude garde un très beau souvenir de ces mois d'été passés aux Etats-Unis et ce, jusqu'à l'âge de 18 ans. Il y avait la maison de Suzanne, sa grand-mère. Refuge d'odeur, de sensations, de lumière. Au sous-sol de cette maison du New-Jersey, entre l'atelier du bois et celui de la mécanique, une place était réservée pour le laboratoire photographique. Le grand-père aimait y développer ses propres films.
La première vraie rencontre avec la photographie se situe vers l'âge de 12, 13 ans lorsque Claude tomba en admiration devant l'appareil photo de son père. Un canon imitation leica, boitier métallique agrémenté de plusieurs boutons. Quand un jour, en cadeau, Claude reçu son premier appareil, ce fût un peu une déception. Le kodak instamatic était en plastique et pourvu que d'un seul bouton ! Les toutes premières images fûrent inspirées par le ciel, Claude s'amusait avec les nuages. Alors que le dessin ou la peinture lui semblait laborieux, cette nouvelle forme d'expression lui apportait une satisfaction plus immédiate et plus convaincante. Cela ne l'empêchait pas de prendre le temps de soigner ses cadrages et d'apprivoiser la lumière.
Puis à 16 ans, Claude pu s'offrir son premier appareil, un réflex 24x36, le minolta XG-2. Une préférence pour les paysages arides, les carrières désertiques mais pas encore de présence humaine. Ce n'est que bien plus tard, lors d'une exposition, qu'il prit conscience que certains de ses paysages auraient pu être encore plus fort avec une silhouette, un visage. Petit à petit, le portrait a pris place dans la vie de Claude pour en devenir la source inspiratrice. Cette révélation fût suffisamment prégnante pour prendre la décision d'abandonner son activité professionnelle et tout mettre en oeuvre afin d'avoir son propre studio. Nous étions fin 2005, Claude habitait en Suisse avec son épouse et leurs 3 enfants devenus grands.
C'est tout d'abord dans un vieux batiment au superbe parquet que Blandice's room voit le jour. Après 2 années d'activité, le studio déménagea pour s'installer dans l'ancien conservatoire de musique de Lausanne. Claude a su rénové le lieu avec goût et lui apporté le coté intime qui fait que l'on se sent chez soi, dés la porte franchie.
Chaque jour le photographe réalise des portraits pour sa clientèle et prend le temps de soigner clichés et tirages. Il travaille aussi bien l'argentique que le numérique et consacre beaucoup de temps à la post-production. Les semaines sont bien remplies. Malgré tout il aime à se garder des instants pour ses recherches personnelles. Découvrir les sensibilitées contemporaines par le biais des expositions ou de la sphère internet, arpenté les bibliothèques, replongé dans l'univers de la photographie ancienne...Ainsi est né une bibliothèque d'ouvrages au sein même du studio dont il lui arrive parfois de s'inspirer. Sur de nombreux clichés, les décors, les vêtements, mises en scène semblent très soignés et baignés par un doux parfum du passé. Claude aime voyager dans le temps et s'amuse à l'idée que le spectateur puisse s'intérroger sur l'époque.
Parmi les nombreux et beaux modèles du photographe, il y a Laurie, cette jeune femme que Claude photographie depuis 2004. Devenue au fil du temps une amie et complice de sa créativité elle reste au fil des séances toujours une belle source d'inspiration. Claude n'est pas à la recherche du modèle idéal. Les gens de la rue, les gens "simples" possédent une beauté qu'il se plait à révéler dans la lumière, douce et bienveillante. Il ne rêve pas non plus de mannequins ou autres stars du showbizz. Il avoue cependant que c'est avec grand plaisir qu'il accueillerait Emmanuelle Béart dans son studio !
Chaque jour sa préoccupation reste d'entretenir ce plaisir que lui procure la photographie et de s'approcher au plus près de LA photo. Celle ou le regard s'arrête, respiration au ralentie, suspendu à un fil par un instant figé pour l'éternité ou l'on se surprend à effleurer la profondeur de l'âme.
Vous pourrez retrouver son travail ici : http://blandicesroom.blogspot.com/
ou bien encore ici pour voir en grand format : http://8786.portfolio.artlimited.net/